Rendez-vous incontournable de la scène spiritueuse , le Whisky Live Paris pose ses valises cette année au parc de La Vilette. Accompagné de 3 fidèles «Céréales Killerz», Pup’s aka « le palais suprême » , Boz « the smoky cereals killerz » & Andy « la jeune pousse de blé », nous débarquons à Paname pour 2 journées de dégustations intensives. Cette année, j’ai décidé de faire un focus à presque 95% sur le whisk(e)y (Exception pour quelques douceurs Normandes) et mettre de côté la canne à sucre, vu le Salon Du Rhum à Spa la semaine suivante.
Quelle mise en jambe 5* de commencer le WL PARIS 2019 par cette distillerie du Speyside. Pendant très longtemps, presque l’entièreté de la production rentrait dans la composition de blends très réputés dans le monde. Depuis la reprise par Billy Walker (Ex-Glendronach et Ex-Benriach), les règles ont bien changé : gamme regular et single cask de haute voltige font partie du portefeuille de cette distillerie Écossaise. On attaque quelques nouveautés avec l’experte du malt Juliette.
Glenallachie Porto 10 ans 48%
Cette cuvée fait partie de la gamme « Wood Finish » mettant en avant un affinage particulier. Pour le coup, nous sommes en présence d’une fin de maturation en ex-porto cask.
La couleur rosée aux reflets cuivrés est juste alléchante. Le nez est ultra fruits rouges acidulés (Framboise, groseille) avec une belle fraicheur poivrée. La bouche quant à elle est maltée, herbacée, fraiche. Le fruit rouge refait son apparition avec en fin de bouche un côté tannique du chêne. Classic stuff !
Glenallachie 15 ans 46%
Assemblage de fûts de Xérès oloroso et Pedro Ximenez, cette nouvelle cuvée a un nez très porté sur les fruits à coque (noix, amande) et le raisin sec. La bouche a beaucoup de finesse et un superbe équilibre. Chocolaté, noisette grillée, raisin sec du pif. alcool très bien intégré.
Glenallachie 25 ans 48%
Connaissant mon amour pour le malt, Juiiette nous sort du comptoir une petite douceur de 25 ans d’âge. Le nez est cireux, mielleux (floral) remplit d’épice douce. au palais, il est beurré à souhait avec une belle vivacité. C’est délicat et fin avec des saveurs d’écorces d’orange. En fin de bouche , c’est le piquant et les saveurs d’un bon cigare qui apparaissent. Complexe ce vi bazar !
Ici, on ne parlera pas d’une distillerie mais d’un whisky sorti par une distillerie de grain situé en basse Écosse, Girvan. Whisky au profil « Sweet Smoke », cette douceur finement tourbée vieillit en ex fût de Baby bourbon de chez Hudson.
Ailsa Bay Release 1.2 48,9%
Le nez est frais, citronné, finement tourbé avec des notes fermières après aération. La bouche est assez particulière : de la tourbe sucrée. Il y a du fruit (agrume) et un caractère mielleux prononcé. C’est intéressant pour mettre un pied dans une motte de terre.
Je connaissais Kÿro en Finlande mais pas encore celle-ci. Et quelle surprise ! De la céréale Finlandaise (principalement du seigle) distillée depuis 2014 à la capitale. Trois références seront dégustées sur ce stand pour le plus grand plaisir de notre palais. Car c’est jeune mais qu’est-ce que c’est goûtu.
Helsinki Rye Malt 47,5%
Issus de 2 fûts de chêne neuf composés de 70% de seigle malté et de 30% d’orge maltée, ce small batch est d’un « végétale » à tomber. Au nez, c’est du sapin, de la céréale à gogo, de l’herbacé pour la fraicheur. La bouche est végétale à souhait et légèrement spicy (poivré typique du seigle).
V2 Demerara Rum Finish (3 mois d’affinage) 59,3%
Mais quelle fraicheur mentholée et florale sur cette version affinée en fût de Rum. Très particulier en bouche avec des notes très marquées de baies de genièvre. Un peu de sucre brun en fin de bouche.
White Dog 60,5%
Pour le degré, ce white dog (distillat non vieilli de seigle) est ultra équilibré et intégré au point de vue alcool. La céréale est évidemment sur le front avec un caractère animal (cuir fumé) et une fraicheur mentholée étonnante. Piquant du gingembre en fin de bouche. C’est en dégustant le distillat que tu te rends compte de la qualité du produit et de la maitrise du maitre distillateur.
Direction Londres avec Bimber fondée en 2015. L’orge utilisé provient d’une seule ferme située non loin de la ville de la grosse fée verte. Le maltage se fait à l’ancienne sur des airs de maltage où la céréale est travaillée à la main. On a été conquis par la complexité des 2 produits proposés. Encore une fois, c’est très jeune mais qu’est-ce que c’est maîtrisé.
The First 54%
cet assemblage d’ex-fûts de Pedro Ximenez est surprenant par sa maturité aromatique. Le nez est vineux à souhait avec un caractère chocolaté et finement soufré. La bouche est une petite pâtisserie chocolat / moka. Le sherry est concentré avec une fin de bouche réglisse pour la texture.
Re Charred American Oak 51,9%
On change de style avec un profil plus sur le bois et le tannin du chêne américain brûlé préalablement à l’intérieur. Le nez comme la bouche évolue sur la noisette grillée, le raisin sec, le bois brûlé et le piquant du pain de raisin.
1ère distillerie à ouvrir à Paris depuis 1914, je m’y intéresse depuis un petit temps mais sans jamais avoir pu tremper mes lèvres. Cette micro production (12000L d’alcool pur par an) sort cette année son premier single malt whisky.
Single Malt 43%
Issus d’une fermentation longue de 250 h, le nez est très porté sur la céréale et le végétale. De fine note fumée me rappelle étrangement un spiritueux Mexicain que j’affectionne beaucoup. La bouche évolue sur le même profil aromatique avec une super fraicheur en fin de bouche. Petit bémol pour ma part, je le trouvais un poil léger en saveurs (mais je pense que nous l’avons goûté un peu tard dans la journée donc à voir…).
Agave Spirits 43%
Mon intérêt pour cette distillerie est né d’un distillat d’agave produit au sein de leur distillerie. Issu d’un sirop d’agave fermenté dans les chais puis distillé à Paris, ce distillat propose des agrumes à gogo (plus précisément le pamplemousse rose). Fraicheur et douceur contre-balancé par une légère amertume . Étonnant !
Comme quoi, tant qu’il y a de la céréale, on peut distiller partout dans le monde. La preuve avec cette distillerie située en plein coeur de la ville de Tel Aviv. Bénéficiant d’un climat unique et d’une géolocalisation riche, le maitre de chai s’amuse avec les maturations.
Young Spirit 46%
ce jeune assemblage de 3 fûts, ex-Islay, Ex-bourbon, et ex-wine cask pendant 9 mois, a une longueur assez étonnante. Une fine tourbe se mêle à un caractère vineux et vanillé. Du fruit en fin de bouche pour amener un peu de fraicheur.
Single Cask Peated Cask Finish 55%
Ex-Bourbon cask affiné en ex fût de whisky tourbé, ce single cask sorti en exclu pour LMDW est très vif, puissant et piquant sur le palais. J’y trouve une certaine acidité qui ne me plaît pas des masses. Pour ma part, je le trouve moins bien équilibré que le premier.
Founder’s 57%
Pour cette cuvée, ils sont partis sur un assemblage de fût de bourbon et STR Cask (Fût de vin fortement toasté) affiné en ex-Sherry cask. Ça reste vif comme le précédent mais avec un sherry qui vient amener son lot de douceur. Noix et noisette grillée en tête de liste.
BATTLE experimental Rye Cask 10 mois
Comparatif amusant entre un même distillat vieillit en ex fût de seigle sous 2 climats différents. D’un côté, un vieillissement « méditerranéen » et de l’autre un sous le climat de ma mer morte (situé à 400m en dessous du niveau de la mer).
Le 1er est rempli d’épice (cannelle, réglisse, poivre) avec un caractère anesthésiant peu agréable. Je le trouve relativement mal équilibré.
Le 2ème a prit beaucoup plus de bois avec un caractère aromatique concentré et une douceur que le 1er n’a pas du tout.
La différence entre les 2 est flagrante et je me réjouis déjà de goûter un whisky officiel vieillit sous le climat de la mer morte.
Petite entorse à notre programme 100% corn-flakes, on décolle de Tel Aviv pour se perdre dans les vergers Normand de la maison Drouin. Le dealer de pomme distillé, @Alex Mermillod nous balance de la pure came dans la face. Ce que je retiendrais de cette dégustation en 2 temps (On s’est perdu en Normandie les 2 jours) est un 2000 et un 1986.
Christian Drouin millésime 2000
18 ans d’ex fûts de calva’ et de Bordeaux assemblés puis affinés en ex fûts de Tokay Hongrois (vin blanc liquoreux). Miam miam, que c’est liquoreux et vineux à souhait. Belle influence de la barrique donnant à la pomme un caractère confit. Riche et concentré !
Christian Drouin Millésime 1986
Affinés en ex fût de Muscat de rivesaltes, cette petite compote de pomme rouge à la cannelle est juste superbement équilibrée. Un bois présent mais pas trop apportant son lot de tannin sec pour éviter la lourdeur du muscat. Une belle influence des fruits à coques (cerneaux de noix). Slurp !
(Les 2 autres ont été goûté à l’arrache le lundi à 18h30… Comme si on n’avait pas assez bu là … )
Le Founder’s Choice de cette jeune distillerie Anglaise avait été un de mes coups de coeur du WL Paris 2018. Nous ne pouvions évidemment pas passer à côté cette année. Une nouveauté rentre dans la gamme, le Peated Cask. C’est parti pour un petit plongeon dans une barrique de Laphroaig.
Cotswold Peated Cask 60,3%
Vieillis en ex fût de Quarter Cask (125 L) de chez Laphroaig, cette bombe de céréales est très explosive. Le nez est d’ailleurs assez étonnant puisque la tourbe est très discrète voire inexistante pour laisser la place à du fruit sous toutes ses formes. La bouche est puissante mais pas sèche avec un caractère huileux très sympa. La tourbe est en finesse et se mélange à des saveurs torréfiées. Ch’a ch’est un Brutus … j’ai mes dents qui se décollent.
Leur 10 ans m’a toujours foutu une claque à chaque dégustation tant il ne ressemble à aucun autre whisky du monde. un nouveau 15 ans attire notre attention. Et nous voilà reçu par un couple d’un certain âge passionné par cette distillerie (anciennement laiterie) situé sur la côte nord de la Tasmanie.
Hellyer’s Road 15 ans 46,2%
Avec 5 ans de plus au compteur, la maturité, la complexité et le profil aromatique de ce single malt m’épate une nouvelle fois. Le nez est marqué sur les fruits jaunes (Mirabelle, pêche) et le fruit exotique à gogo (mangue). C’est juteux à souhait en bouche avec un caractère gourmand rappelant un brownien au chocolat. FULL fruits dans ta tronche tonton !
Hellyer’s Road 14 ans Peated
Une de leurs forces à cette distillerie, c’est de réaliser des versions tourbées dignes des Écossais. Pari de nouveau réussi avec un profil très cendré (limite charbon), chocolat très noir. La bouche est identique au nez : puissante, concentrée et torréfiée.
Découverte d’une maison d’assemblage à la Compass Box représenté par quelqu’un que je connais depuis bien longtemps, Gaëlle anciennement chez Penderyn. Petit bémol, je pense que le moment fut mal choisi pour goûter correctement ces entrées de gamme car la fin de journée approchait à grands pas.
Speyside 46%
Issu uniquement d’un assemblage de whiskys de la région du Speyside, ce blended malt est relativement bien foutu pour son prix (entre 40 et 50€). C’est fruité, gourmand, malté avec une finale très en douceur.
Island 46%
Assemblé uniquement à partir de Highland Park, Talisker, Bunnahabhain et Caol Ila, ce whisky des îles est assez salin et herbacé. La fin de bouche est finement tourbée.
Astuce du jour : comment terminer sur les chapeaux de roue sa première journée au Whisky Live Paris ? Inévitablement par la maison Compass Box. Cette année, c’est le triptyque « Myths & Legends » qui attire mon attention. Pour se refaire une bouche avant d’attaquer le trio final, on commence par le gentil « The Circle ».
Nous terminerons cette belle journée autour d’un verre avec Monsieur John Glaser qu’on ne présente plus.
The Circle 46%
Réalisé en partie par le barman Rosy Mitchell ayant remporté en 2018 un concours de cocktails basés sur le gréât King street, ce mix de Tamdhu, Highland Park et Clynelish (sherry cask) est très frais et délicat. Écorce d’agrume à foison, de la pomme compotée et de l’orange confite.
Myths & Legends I 46%
ce qui est important à souligner avec ce triptyque, c’est que 2 sur 3 sont les premières sélections SINGLE MALT de la marque. Pour ce N°1, on part du côté de Balblair avec un mélange de 20, 21 et 24 ans. C’est très délicat presque trop. Beaucoup de fraicheur florale avec un caractère herbacé (herbe fraichement coupée). Un poil court à mon goût.
Myths & Legends II 46%
On continue avec la 2ème sélection SINGLE MALT de CB. Pour le coup, on part pour une distillerie que j’affectionne énormément, Glen Elgin (Rappelez-vous le 1986 Signatory qu’on avait ramené d’Écosse en 2018). Assemblage de 21, 22 et 23 ans vieillit en ex-fûts de bourbon et sherry. Mamamiiiia que c’est BON. C’est beurré, épais, mielleux avec une longueur sur l’amande douce et le massepain sans tomber dans le sucre. On dirait un petit « Double Single » avec un peu plus de caractère.
Myths & Legends III 46%
Pour le dernier, John Glaser et ses ‘Whisky Maker » repartent dans ce qu’ils savent faire de mieux : l’assemblage 5*. Et c’est ici que mon palais atteint son point de non-retour pour le dimanche. Quelle richesse et quelle maitrise aromatique. Du Glen Elgin du N°2 assemblé à du Highland Park et du Caol Ila. Sur le plan aromatique, tu reprends tous les éléments du N°2 avec une tourbe grasse, du poivre noir et un shoot de gros de sel. C’est juste parfait ! (D’ailleurs j’en ai pris un 2ème …). Tellement émoustillé par le 3 que j’en ai oublié de prendre une photo, maitre Box n’était pas content…
On se voit demain… maintenant on va se rafraichir la bouche à grand coup de cocktails !